L'autre côté de la frontière.

Invité

Sentant le chariot s'arrêter Leythn ferma son livre et leva les yeux sur la cité.

Sowelo… La capitale des séides de cette lune rouge. Belle ville mais…Un regard sur les rues lui fit remettre sa décision en question l’espace d’un instant. Vouloir comprendre, apprendre la culture et les récits de ces terres…

Une main sur son épaule la fit sursauter et son attention revint sur le présent, se focalisant sur le vieux négociant à sa gauche. Ce margoulin qui lui avait pratiquement vidé sa bourse avant d'accepter de faire un peu de place sur son chariot branlant jusqu'à la capitale. Si un barbon borgne avec trois doigts en moins pouvait survivre ici pourquoi pas elle ?

Sans écouter ce qu’il avait à dire, elle lui sourit avant de sauter du siège sur les pavés. Aux sombres couleurs de la ville s’alliait l’éminente présence d’un palais trônant en son cœur, obombrant rues et plus modestes constructions. Un tantinet oppressant.

Regard fixe, démarche assurée. Feindre en attendant d’être véritablement confiante. Pour la première fois elle réalisait à quel point le poids de sa ceinture - de ses couteaux - sur ses hanches pouvait être rassurant. La majorité des regards qu’elle croisait lui indiquaient clairement qu’ici l’on écouterait son sang éclabousser les pavés avant ses éclats de voix.

Elle les ignora au mieux, fendant la foule, gardant sa besace au plus près contre sa taille, jusqu'à pousser la porte de la première taverne se présentant. La meilleure source d'informations.

Une foule. Une véritable cacophonie des sens. Les voix cherchant à s'élever les unes au-dessus des autres. Les exhalaisons se mélangeant aux relents de trop d'alcools. Des visages patibulaires parmi des mines trop rayonnantes pour être honnêtes. Heureusement le bleu et le violet de sa toilette n'étaient pas atypiques. Pas outrageusement du moins.

Leythn se fraya un chemin jusqu'au comptoir s'attirant bon nombre de regards hostiles ou curieux. Elle répondit d'un doucereux sourire au tavernier qui ne se gênait pas pour la dévisager. Il attarda son attention sur les lames à sa ceinture mais son expression resta fermée. Froide, inhospitalière.

"Du vin, merci." Demanda-t-elle en posant ses derniers deniers sur le comptoir tavelé de cercles de bières ou autres alcools, peut-être même de traces autrefois carmines.