Temple de Baal

Patientant, Ellamin assistait à l'office qui se déroulait dans la chapelle, concentré alors que le prêtre, dont il enviait le statut, psalmodiait les textes sacrés, jusqu'à ce qu'un des carillons ne résonne et que la nef ne soit assourdit par son vrombissement, alors que l'érudit s'approchait de l'autel, ainsi que le voulait la coutume alors qu'il était recemment passé dans l'Ordre des Chevaliers Celestes, brandissant sa lame alors qu'il toisait stoïquement la créature qui s'y tenait, maintenue pieds et poings liés alors que les choeurs prenaient la suite du bourdonnement, et que de cinq coups de son épée sectionnant les artères menant au coeur Ellamin n'ait sacrifié l'être en l'honneur de Baal, sous les suppliques du prêtre qui louait avec les devots le nom de Baal.
L'office terminé, alors que l'érudit prenait soin de lever le sang maculant ses paumes et avant-bras, il remarqua des devots qui, quittant la chapelle, semblaient bifurquer par une voie se perdant dans les bois environnants, et d'un oeil torve à leur mine sombre les suivit.

"Une fâcheuse rencontre a plus d'éloquence que tous les avertissements du monde..."

La forme déambulant gauchement, elle parvint toutefois enfin audit temple consacré à l'astre Baal, rayonnant en cette nuit dans les cieux, son égide projetant à terre l'ombre de l'homme à la plaie béante se traînant misérablement sans contestation alors que seuls croisèrent son chemin quelques bandits, mais qui d'effroi, voyant la figure déjà exsangue du possédé, et son torse pulsant encore du sang brillant sous léclat de la Lune, levèrent à peine les yeux, davantage motivés pour se perdre dans les ruelles adjacentes à celle large dans laquelle se traînait l'humain, leurs yeux fuyants courant dans ces ruelles même, à l'affût d'un danger imputable à la situation de l'abominable zombie qu'ils fuyaient se terrant dans les ombres. Gravissant les marches s'étalant au seuil de la bâtisse, le corps frémit, la volonté de l'ivrogne tentant d'outrepasser la sienne, mais elle sut maintenir son joug, le corps tanguant seulement, s'appuyant lourdement contre les portes du temple, puis reprenant, quelques râles s'échappant du plos profond de la gorge du possédé, mais qui n'eurent d'incidence sur la situation.

"~Ne résiste pas, contemple tes dernières souffrances le sourire aux lèvres, vois-toi sauf... Ce ne sera pas le cas, mais au moins auras-tu pu te rendre utile pour ton Maître et laver l'insulte que tu présentais jusqu'alors.~"

La voix surnaturelle résonnant dans les alcôves tel un murmure fantomatique, s'échappant de la dépouille ambulante errant gueule ouverte et chair à vif, les pas lourds et irréguliers de l'homme sur les pièces de marbre cessèrent alors que dépassant l'autel le possédé se trouvait titubant devant la fosse à la bouche circulaire d'où s'échappait une vive lueur s'étendant en grande partie dans le temple, soutenant l'éclat des flambeaux palliant à la lumière sanglante projetée des cieux par Baal ne parvenant dans l'enceinte du bâtiment.

*Non, suppot, non, je veux viiivre!*

"~Sers ton père dignement, ou tes tourments ne perdureront que plus encore.~"

Un souffle étranglé projeté de la bouche à demi béante de l'homme, puis un cri étranglé de l'homme, perdant toute force, presque toute vie, alors qu'il basculait impotent dans le puits au palais nimbé de feu rougeoyant, une forme noire s'échappant soudain de son dos, son sang jaillissant en un instant alors que ses vertèbres se trouvaient sous l'impact, un cri bref mais époustouflant étant ainsi éructé par l'humain, disparaissant dans le gouffre de flammes, vacillant et se refletant dans le regard de l'ange dressé au-dessus de la fosse, contemplant inexpressive la bouche embrasée, puis finalement laissant paraître un fin sourire alors qu'elle haussait la tête, des cornes achevant de disparaître sous une chevelure se racourcissant et des bijous paraissant étincelants refletant les teintes écarlates paraissant du plafond vers lequel elle apposait son regard, jusqu'à ce qu'elle ne discerne quelque bruit de l'exterieur, la menant à se diriger vive et féline tel un souffle vers un pilier pour se fondre dans l'ombre qu'il projetait.

*Père est fier de moi, mais il en reste encore tellement.*

"Le martyr de nos rêves":

C'était donc cela, le receptacle de toutes les rumeurs les plus folles et odieuses, le temple en lequel ce peuple célébrait ses messes obscures. La bâtisse lugubre par sa simple vue suscitait la peur, parcourant mon échine, mais disparaissant l'instant suivant alors que déglutissant et ajustant mon capuchon j'avançais dans l'ombre du temple, aux portes immenses et aussi noires que ces cieux teintés de volutes sanguines.

#La mort aura-t-elle su lui souffler la vérité? En tout cas, je l'espère, sous vos auspices Seigneur..#

Nul malandrin en vue, je poussais les battants closant ce lieu impie, et m'engageais dans des ténèbres quasi totales, rompues très faiblement par la lueur de bougies. Mais, outre l'odeur qu'elles exhalaient.. Je m'agitais en mon for, secoué par cette puanteur insupportable, qui irritait jusquà mes yeux, que je sentais cernés de larmes. Je n'entendais personne, nulle imprécation, nul credo, entonnés dans cet antre maudit. J'avançais, mais retennais violemment mon souffle, alors que je chutais, sous le coup d'une surprise tenant de la terreur, sans pousser le moindre cri, et me trouvais piégé dans un gouffre de ténèbres, dont l'issue semblait être bien quatre mètres plus haut.

"Qu-?"

Alors que ma bouche s'entrouvrait, je ne pouvais que balbutier, alors que tremblant je posais la main sur ce sol, qui m'avait fait frémir à son contact, tant son instabilité et le fracas qui avait accompagné ma reception me glaçaient d'effroi. La respiration sifflotante, je tirais de mon bagage une torche, et dans l'obscurité executais gauchement le sort, Fah, Hur, Thyrgaz, Alzu, Rajd, Kena, les mouvements que j'executais dans l'obscurité me paraissant lents, alors que je croyais être plongé dans une aire sans temporalité.

"-nfin."

Une flamme apparut, et embrasa la torche que je brandissais, et relevais rapidement en remarquant enfin aux premières lueurs que je la tenais mal.

#Seigneur, quelle folie..#

Comment ne pas faire de même, retenir des larmes face à telle vision, portée par le flambeau, éclairant un charnier d'une vigtaine de cadavres apparents, meurtris, décharnés en partie, exhudant cette puanteur, affichant une souffrance telle que ma vision se brouille sous l'émotion. Portant mon regard sur mes pieds, paniqué, tentant de rajuster ma bure, je me relevais, attentif au posé de mes pas, scrutant rapidement l'horrible scène, puis bouche bée m'arrêtant, les yeux écarquillés, tant par la violence de la luminsité du flambeau perçant ces ténèbres, que ce que mon esprit m'intuitait, forçant mes jambes d'avancer, et cesser de flageoller.

"Tasi-?..?"