"Hérétiques... Que sont les hérétiques? Bien souvent ce terme est venu à mes oreilles, se sussurait alors que des doigts crochus se tendaient vers moi, et que les regards torves me toisaient de loin, apparaissant de la fange pour se poser sur les cieux. J'en ai moi-même usé, à mauvais escient. Le propre de l'hérétique, c'est à dire de celui qui a une opinion particulière, est de s'attacher à ses propres pensées. En effet, je m'attarde davantage sur les écrits précédant l'avènement de Baal que mes frères de l'Ordre, car contrairement à eux je ne prône pas le meurtre systematique... Car comme dans une religion morte il n'y a plus d'hérétiques, je m'affaire à tracer en parallèle la voie future qui pourra un jour rejoindre celle de notre si glorieux ordre, des dogmes à finalité pour pallier à des psaumes sans saveur. On parle mais personne n'écoute... Je préfère arracher une oreille à une audience et capter son attention de sa seconde que m'époumoner pour rien ! Le monde moderne est plein d'hommes qui s'en tiennent aux dogmes si fermement qu'ils ignorent même que ce sont des dogmes, ils se cloîtrent dans une cage aux murs inébranlables, aux entraves arborant la forme de Saintes Ecritures aux valeurs éculées, écrites sous le joug d'impulsions guerrières, mais guerre n'est pas religion, la foi du soldat n'est pas celle de l'ecclesiaste. Nos ancêtres prônaient l'unicité de leur Dieu, figure unique de tous en leur temps, désormais nous devons faire valoir la suprématie d'une divinité sur l'autre, ne voyez-vous pas où s'écroule tous nos savoirs? J'ai parcouru de nombreux écrits de la post-Infâmie, aucun ne fait état de schisme religieux, aucun ne traite d'évolution de notre système hiérarchique encore féodal. Du temps gaspillé, pour faire sombrer l'humanité dans une société fangiaire, où les races se mêlent pour former un conglomerat d'êtres stupides et faibles... Il n'y a plus même de caste supérieure, seuls des Ordres opposés... J'abhorre les enfants de l'Infâme, leur espèce ne doit être vouée qu'à la destruction, ou la soumission. Mais si une interclasse ne s'élève, alors même les enfants de Baal se retrouveront aussi inutiles que les dévots de Yam. En tant que maître de l'Inquisition, je proclame qu'en ces terres s'élevera le véritable culte du pouvoir, dans une aire où la seule hérésie tolérée sera celle qui portera le Père Celeste à l'apogée de sa gloire et de sa puissance. Toute créature qui ne tendra pas vers la puissance... sera irrémediablement détruite. Prions mes frères pour l'avènement de ce jour, que la campagne démarre au plutot, et que du plus modeste hameau à la plus éminente cité de ces terres, tous sanctifient le nom de Baal, et ses fils qui enfin pourront brandir ses armes et arborer avec fierté son emblême. Gloire aux forts, qui annihilent la lâcheté et la paresse, bannissent les gangrènes qui prennent au corps notre civilisation, et font la volonté du Père Celeste ! In nomine Novus Ordo Seclorum."
Encore enfievré, Ellamin avait pris la parole alors que l'office s'achevait, et que seuls demeuraient les dévots les plus zélés dans la nef du temple. D'une voie puissante, l'érudit intriguait, s'adressait avec ferveur à l'audience, qu'elle lui accorde son attention ou non, ainsi qu'il le disait et pensait, ne sont dignes de savoirs que ceux dont la volonté est assez grande, pour se jouer des tours de l'âme même. S'éloignant de l'autel, le paladin se préparait à effectuer une incursion de l'inquisition dans les villages à la frontière du royaume, plus sensibles, d'autant que les actions d'Ellamin si elles appelaient une consequence se devaient de marquer les esprits, d'une façon ou d'une autre.
PS: Désolé pour ce monologue, disons qu'il s'agit d'une lubie, qui se devait toutefois d'être abordée ici, étant donné la voie qu'arpente mon personnage. Je pense que j'écrirai en HJ des dogmes propres à Ellamin, pour donner peut-être un fil conducteur à l'Ordre de Baal, ou en tout cas aider à comprendre le système de reflexion de cet érudit passé philosophe si particulier.