Intronisation

"Un cercle d'or aux pastel et écarlate":

Alors que dans les cieux la lueur chaude et rouge du Soleil se mêlait à la fraiche et claire teinte bleuâtre pulsée par Yam, les nuages gorgés de cette symbiose prismatique, les cors gracieusement résonnaient, et emplissaient la succursale au dome ouvert sur la voûte céleste de leur haut tintement faisant vrombir coeur et oreilles. Toute la strate aisée se mêlant en une foule dense et gloussante, je portais mon regard sur le paysage s'étendant par-delà la chapelle, contemplant la beauté dont se parait la nature, et celle qu'elle octroyait à ce saint lieu, où siégeaient désormais des rais qui par miliers, de mur en mur, rebondissaient et illuminaient sublimement les lieux, d'ordinaire immaculés se parant de teintes si douces. La masse à demi éblouie par le spectacle, l'un des prêtres trônant sur le parvis, au coeur de la salle dans laquelle je me sentais étouffer malgré l'apparent espace que donnait la vision d'un tel spectacle, une seconde salve de cors puissants résonnèrent au-dehors, plongeant la caste ici réunie en une candeur signifiée par de ces expressions d'exhaltation, passant tant dans les aigus pour les femmes à la voix fine que dans les graves rires des mâles à la voix puissante, tous sexes vêtus convenablement, qui emplirent bien rapidement la bâtisse, et firent vrombir mes oyes. La population fangieuse demeurant dans ses quartiers, mais profitant tout de même des puissants cris de contentement et ferveurs mêlés à la musique nous fracassant tant les tympans qu'ils passaient par-delà les enceintes et parvenaient à l'ouie de toute la cité, je lâchais un soupir, tant saisi par la joie de l'évènement, pour ce peuple qui enfin disposait d'une chance de recouvrer sa dignité, qu'exaspéré par telle ségrégation, ne demeurant moi-même ici que pour deux raisons, dont l'une allait bientot s'avancer dans la splendide chapelle, où se déroulerait un couronnement à huis clos, laissant des faisceaux prismatiques parvenant du jour tombant sur le diadème resplendissant trônant entre les mains veineuses mais fermes du prêtre courir sur les murs et piliers soutenant l'ensemble de la bâtisse.

#Vous n'étiez plus attendue, altesse.#

Un pas précipité, puis encore un autre... Plusieurs silhouettes se dessinaient, semblant toutes stressées, et heureuses. Seule une d'entre elles se sentait mal. Elle se faisait pousser par les personnes autour d'elle, elle n'y pretait pas même attention. Elle marchait, suivant la cadence. Tout était allé si vite qu'elle n'avait eu le temps de souffler. Le regard assez ferme cependant, Myroo savait que ce moment devait arriver. Et elle n'allait pas s'enfuir à la course, loin de là.
Bientôt, elle se retrouva seule face à un rideau. Elle ne savait même pas comment elle avait fait pour se retrouver là. Jamais elle ne pourrait refaire le même chemin. Determinée, elle attendait, patiemment. Sa robe était si longue qu'elle trainait sur le sol, ce qui l'enervait legerement, bien qu'elle devrait s'y habituer. Enfin, les rideaux s'ouvrirent. Même pas la jeune phoenix eut un battement de cils, elle eu juste un sourire, charmant d'ailleurs. Et voilà qu'elle recommencait à marcher, se dirigeant vers le prêtre, adressant plusieurs sourires au peuple, ne pouvant voir toutes les personnes présentes.

Se présentant à mes côtés, mon mécène avait délaissé le rôle d'hôte, auquel s'attelait le prêtre, accueilant la femme, qui le pas léger, se frayant un chemin parmi ces invités dont elle ne verrait désormais plus que le haut de la tête, génuflexant devant la souveraine qu'elle deviendrait en intriguant ainsi qu'ils en ont si bien la manière, j'observais la scène, circonspect, le sourire ambiguë dont se parait le vieil homme à mes côtés attirant un instant mon regard, me laissant rêver aux pensées pouvant effleurer son esprit, à cet homme bon qui bien que de bonne filiation n'appréciait davantage que moi ces fioritures déjà trop récurrentes en ce Conseil qu'il intégrait, puis dirigeait depuis peu, en ces instances exceptionnelles. Les pas de mon amie la rapprochant du maître de cérémonie, je l'observais, tant béat que complexé, alors que je disparaissais dans cette masse à ses yeux, d'autant que je peinais à la voir malgré les élégantes parures qu'elle arborait, et qu'il me semblait discerner, m'arrachant un sourire allant de concert avec un léger rire dissimulant une moquerie plus grande encore que je reservais en mon esprit, les lèvres charnues du prêtre se mouvoir, et tenter de surpasser par la puissance médiocre de son ton le brouhaha parcourant toute la nef.

#Ahah, que va-t-il trouver pour faire taire ces impétueux?#

Se rapprochant de plus en plus du prêtre, Myroo s'arreta face à celui-ci. Constatant que le prêtre avait du mal à ramener le calme, la jeune phoenix se retourna, penchant legerement la tête sur le côté, un fin sourire sur les lèvres. Restant ainsi droite et impassible, tout les yeux rivés sur elle, Myroo attendit patiemment que les brouhahas cessent, ce qui se fit presque entierement au bout de deux minutes, malgrès que quelques murmures persistaient, mais la jeune femme n'en tint pas compte. Faisant de nouveau face au prêtre, qui était étonné, Myroo leva legerement sa robe, afin de se mettre à genoux devant celui-ci, et attendit qu'enfin il entame la procédure.

Le prêtre observait la jeune femme agenouillée devant lui. A présent que le calme était revenu, il pouvait commencer l'intronisation. Levant d'abord les paumes de ses mains legerement vers le ciel, il parla de sa voix grave.

"Mes amis, peuple de Yam ! Nous sommes tous réunis en ce jour, dont nous nous souviendrons toujours, afin de faire de cette demoiselle, Myroo Desten, notre nouvelle souveraine."

S'interrompant, et posant ses mains sur les épaules de la jeune femme qui leva les yeux vers lui, le prêtre l'observa un instant, avant de reporter son attention sur la foule, et de poursuivre son discours.

"Après l'avis favorable du Conseil, et l'analyse des nombreuses capacités de cette enfant, qui a toujours été une fidèle de Yam, Myroo Desten est une jeune femme apte à gouverner."

Faisant signe à un jeune homme se tenant derrière lui, le prêtre attendit qu'on lui remette entre les mains le diadème, qu'il leva au-dessus de la tête de la jeune femme. Recitant alors quelques vers et paroles dans la première langue ayant existée, la langue sainte, le prêtre finit alors pas déposer delicatement le diadème sur la chevelure de la jeune femme, un sourire sur les lèvres. Posant ses mains sur les bras de la jeune femme, il lui fit signe de se relever.

"Allons, debout mon enfant..."

Etant restée immobile durant la cérémonie, Myroo se releva lorsque le prêtre le lui dit. Un sourire sur les lèvres, la jeune femme déposa deux bises sur les joues du prêtre, qui fit de même pour elle, comme le voulait les règles. Se retournant, et observant à présent son peuple, la jeune phoenix ne savait que dire, émue.

"Peuple de Yam, par ce couronnement, et par mes principes et ma foi envers Yam, je jure de tout faire pour ne pas vous decevoir, et de rester fidèle à Yam... De vous rester fidèle."

Respirant doucement, Myroo observa les figures des gens du peuple, craignant la moindre réaction négative.

#Cette langue?#

"Ces vers... est-ce vous qui-"

De nouveau, mon mécène, souriant de plus belle, m'interrompit, sa main passant sur mon épaule, ne tremblant pas alors que le regard que je cernais, mon visage au quart tourné en sa direction, recelant une lueur de malice qui m'arracha une interrogation demeurant d'autant en suspens que celle qui brûlait plus encore mes lèvres, que retinrent mon maître.

"Non, une initiative du Conseil, passée sous silence, sans doute, n'en prends pas offense. Je te croyais moins bigot, Malash..."

Retenant le rire léger que laissa échapper l'homme, et le clin d'oeil l'accompagnant, je laissais mes interrogations en suspens sur l'instant, alors que je m'attardais sur le serment énoncé par la jeune femme, n'en perdant goutte, et hôchant machinalement la tête, acquiessant aux paroles se détachant avec un naturel frustrant des lèvres de mon amie, dont l'investissement semblait pour le moins total.

#Les prêtres chantent dans les langages païens d'antan, et les anges à la peau noire surplombent la plèbe aux habits filés avec soin, la place est au changement.#

Faisant rugir, de même que les hauts officiers auprès desquels je m'avançais, mon épée en la sortant de sa gaine, et entrant en une marche coordonné allait à la rencontre des hiérarques et religieux se dressant sur l'autel, je la levais avec mes acolytes de sang noble vers le dôme cristallin présentant les cieux à deux teintes si douces, et prêtais allégeance à leurs côtés, nos voix à tous résonnant avec puissance dans la nef de la chapelle.

"Par la grâce de Yam, fidèles au trône. Nous prêtons serment sur le Seigneur et son Elue, qu'ils soient protégés, par l'acier et l'airain, fusse-t-il couvert de notre sang. Par notre père Yam, nous jurons, et accordons le fil de nos épées en une lame commune brandie par notre fidelité. Gloire !"

Agréablement surprise par ce geste, Myroo se rapprocha des soldats, et inclina la tête en signe de respect. Souriante, elle se mit alors à parler, s'adressant aux hommes se tenant devant elle.

"Messieurs, votre allégence est précieuse. Elle compte beaucoup pour moi, et est très importante pour Yam et notre peuple. Je vous remercie de servir avec autant de ferveur notre peuple, et espere pouvoir compter sur vous jusqu'a ma fin."

La jeune phoenix s'inclina legerement alors que le prêtre reprit de sa forte voix :

"Mes amis ! Laissons notre joie éclairer notre journée, et fêtons cela !"

Avec des cris d'approuvements, commercants et autres gens partirent se precipiter vers leur echoppes. Une journée entière de festivités allait commencer... Se rapprochant de Malash, elle semblait très heureuse.

"Messire Kezahr, je suis vraiment contente de vous voir..."

"Cette assemblée semble l'être également, Altesse, et elle le serait à moins, à ne pas en douter. Vous savez leur instiller cet espoir qui ne devait ciller alors que l'étincelle de vie se ravisait des yeux de Sa Sainteté, que les choses demeurent ainsi."

Mon épée depuis l'instant reposant encore dans ma main, son fil unique apposé droit sur ma paume, je fixais la demoiselle avec interêt, mon attention retenue quelques secondes auparavant par le prêtre et ses injonctions à la joie, m'arrachant un sourire n'ayant pu décroître alors que je me confondais d'amusement tant de ses propos que des miens sous le regard enjoué de la jeune femme, me procurant une gène masquée non sans mal, alors que l'inconsidération des nobles envers mademoiselle, ou plutot une consideration par trop faible, m'étonnait quelque peu, bien que je sache cette cour coutumière de telle incorrection, la liesse semblant cristalliser davantage l'attention hélas que ma jeune amie.

"Voici vos pieds posés et assurés sur l'autel du trône. Félicitations, Reine Desten..."

Mon ton était emprunt de cette mélancolie coutumière, non que je ne respectais pas la decision du Conseil, et encore moins la demoiselle, mais le souvenir de Sa Sainteté perdurant dans mon esprit affectait légèrement certains de mes sens, me poussant toutefois à génuflexer devant la souveraine, navré de paraître de la sorte à ses yeux, et en pareille occasion.

Aquiecant d'un hochement de tête, Myroo invita son ami à marcher un peu, et s'écarter aussi du Temple.

"Je sais bien que je suis Reine, Malash, mais... Ca me gène que vous m'appeliez comme ca. Nous nous sommes connus alors que je n'étais encore qu'une simple citoyenne, et, vous savez, je n'ai pas changé de prénom..."

Esquissant un mince sourire, la jeune phoenix se sentait assez... Bizarre...

"Je le comprends, mademoiselle Desten... mais ne peux vous satisfaire, furent établies des lois et règles, d'aucun les qualifieraient de versatiles et éculées... Mais elles demeurent tel un rempart entre un roturier et une hiérarque, quelque fangieux que soient nos sangs à l'origine. Je n'ai le droit de les outrepasser, mes soi-disants acolytes peuvent so'octroyer telle liberté, mais je suis enserré dans des liens indefectibles dont je ne peux me tirer, quelle que soit l'amitié que je nourris envers vous, "citoyenne"."

Conservant un pâle sourire, je dissimulais le rictus de dégoût manquant de briser les contours de mes lèvres que m'inspiraient de telles paroles, alors dépourvues de toute tonalité autre que la récurrente solennité, que je tentais d'ordinaire d'écarter lors de conversations avec de proches personnes, mais en la situation échéante tenant hélas un rôle important, peut-être affectant tant mon discours qu'il pouvait paraître haine ou suffisance aux oreilles de la jeune femme, ce que je ne pouvais qu'intérieurement déplorer.

Au ton de son ami, Myroo baissa legerement les yeux, continuant de marcher. La jeune phoenix avait perdu son sourire, et déclara d'un ton assez sérieux :

"Certaines règles sont faites pour être changées ou même violées, Maître de la Garde. Peut-être qu'en public, vous vous devez de les appliquer, mais peut-être que plus intimement, vous pouvez les oublier momentanément..."

"Il est bon de voir que vous ne vous offusquez pas des intrigues, je suppose, vous y serez tôt confrontée, Altesse, mais ne coryez pas que je sois de ces hommes-là, s'affolant en ce moment et s'enivrant en prétextant fêter votre couronnement, sans vouloir vous offenser."

Détournant légèrement le regard, tiquant à la tonalité employée par la jeune femme, tant que par le fond de ses propos, dont je n'aurais cru le receler dans les paroles s'échappant de ces fines lèvres, je ponctue mon discours d'un léger soupir, réhaussant la tête alors que je reviens à la demoiselle, me tirant hors de ce conglomérat dont je peine à retenir le terme d'hypocrites pour les désigner, l'heure n'étant guère à de telles considérations, moins encore en présence de mon amie et souveraine.

"Soyez donc Myroo, si là est un ordre que vous me donnez, Majesté et amie, mais ne doutez pas que je retiendrais ceci pour nos entretiens privés. J'ose espérer que l'estime que j'ai pour vous ne vous en paraîtra moindre, Altesse."

"Malash... Cet écart de rang à présent va-t-il empecher tout contact ?"

S'arretant de marcher, la jeune phoenix observait son ami, une legere lueur de peine dans son regard.

"Vous ne me regardez même plus comme avant, vous n'osez même pas me frôler... Et ce n'est que le premier jour... J'aimerais savoir, messire Kezahr, quels sont vos sentiments par rapport à mon couronnement et à l'écart qui va se creuser entre nous, car, selon vous, nous n'avons pas le choix."

"Sentiment? Je n'ai que du ressentiment. Je respecte la demoiselle Desten, celle aux discours dont la pompe n'est pas qu'un spectre livide derrière lequel se terrent les individus auprès desquels elle se rend. Mais celle arborant ce diadème étincelant se fait déjà pédante, son palais s'adapte déjà aux fausses paroles qui bientot siègeront en sa bouche."

Je stoppais ma marche, réagissant à la peine dont semblait affligée la souveraine par davantage de vigueur dans mes propos, mes lèvres troussées peinant à dissimuler les crocs siégeant par-delà, plein de cette envie d'exprimer avec véhémence de ces colères dégradant intestinement mon esprit, me tourmentant alors que je vois et entends ma chère amie intégrer cette cour qui tôt l'encerclerait et mènerait soit sa langue à se fourcher soit sa vie à s'abréger bien vite, cette seconde hypothèse me menant à clore légèrement les yeux, l'un d'eux saisit d'un tic, se fermant par intermittance alors qu'une larme menace de paraître en son coin.

"Vous êtes une amie très chère, Myroo... Je vous protègerai en ce nid de serpent autant que cela me sera possible, mais de l'insidieuse corruption de l'âme je ne pourrai vous sauvegarder. Vous n'êtes pas la première, mais sans doute la dernière que je supporterais de voir tomber dans cette déchéance de l'esprit, Altesse."

Ecoutant son ami parler, Myroo se mordit la lèvre inférieure. Il avait raison, être devenue souveraine était bien, mais à présent, elle rentrait dans un autre monde. Garder la tête froide, c'est ce qu'elle devait faire. Ne pas changer sa vision des choses, ne pas se laisser influencer...

"Vous avez raison Malash, je suis la seule à ne pas être un serpent dans ce nid. Par métaphore, c'est comme si à présent on m'avait jeté dedans comme nourriture... Cependant, faites-moi confiance... J'ai besoin de vous pour garder la tête froide, et rien qu'en vous voyant, je me rapelle notre rencontre, et mon état d'esprit ce jour-là, qui est encore le même actuellement."

"Le fait n'est pas que je sois ou non là, mais que votre esprit soit apte à être confronté à d'autres êtres, bien moins francs et plus rusés et maniérés que je le suis. Vous voici intrônisée, je vous en félicite, mais c'est dès cette heure qu'il vous faut vous préparer, demoiselle Desten, ce n'est pas vous qui ébranlez ma confiance, elle vous est acquise, mais c'est pour votre moralité que je nourris des craintes, vous vous voyez jetée en pâture, mais vous voir devenir prédateu, selon les faits et les mots, dont les derniers à l'adresse de la foule n'étaient que trop teintés de la pompe inhérente à cette cour dont se parent ces individus vous toisant avec tant de fureur cachée."

Je ne connaissais guère de noms, je n'étais après tout guère mieux qu'un laquais, même en la présente sous mon titre c'est ainsi que j'étais perçu, je n'avais que faire des railleries et hypocrisies, mais je ne connaissais que trop les moeurs de cette cour, flagornante et bonimenteuse. Ayant illustré la seconde partie de mon discours à oracles en m'inclinant par déférence et respect, je réhaussais la tête vers la souveraine, la bonnifiant d'un léger sourire, jusqu'alors conservé en mon esprit depuis les aimables paroles de la jeune femme, que j'accueillais de la sorte, et tentais de rendre à cette personne dont la mine s'assombrissait trop.

#Je ne sais guère si cela est ma faute, mais je ne peux la laisser ingénue de la sorte.#

La jeune phoenix leva les yeux, observant ce qu'il y avait au-dessus d'elle avant de les ramener vers le sol. Elle avait du mal à sourire. Elle savait bien que son intronisation allait changer plusieurs choses, mais parler de ca le jour même, c'était... plutôt dur.

"Je sais Malash, je sais... Tous ceux à qui je suis passée devant, tous ceux là n'ont qu'une envie, me voir tomber et perrir comme une moins que rien. Heuresement pour moi, ils ne me conaissent pas, et ne savent pas ce dont je suis capable. Esperons que mon caractère remporta sur les leurs. Et que je sois une bonne...reine..."

"Non, mademoiselle Desten, loin d'eux telle pensée, ils ne désirent qu'user de votre influence, votre mort ne leur serait profitable, ce pas en tant qu'ennemi qu'ils vous voient, mais outil, cela est plus pernitieux encore qu'une considération manichéenne, ainsi vous faut-il faire attention, Altesse."

Bien que la jeune femme ne semblait prompt à plaisanter, chose dont elle ferait tant mieux de profiter avant d'être confronteur à l'aigreur que pourrait lui insuffler cette cour, je laissais un fin sourire paraître, m'amusant assez de la considération qu'avait la jeune femme de la cour, par trop faussée pour que je ne puisse lui faire part de mes maigres connaissances, amassées à mon grand dam.

"Vous ne serez une bonne reine qu'en actes, peut-être la parole peut-elle y participer, mais seule elle n'est rien, aussi n'ai-je décelé qu'un indice, et non un fait, en ce discours que vous avez énoncé, Myroo. Faîtes vos preuves, et sachez vous attirer les faveurs désinteressées de vos gens, car je vous l'ai dit ce jour de pluie où nous nous rencontrâmes: un souverain se juge à son peuple, faîtes qu'il vous juge bonne, et alors nul texte ne saura contrer la parole de la plèbe. Vox populi, vox dei, disaient nos ancêtres..."

"Oui, vous avez bien souvent raison, Malash. ce n'est que le premier jour, et je me sens déjà bien fatiguée. La joie qui régnait en mon coeur il y a encore quelques instants s'est éteinte si brusquement , que mon teint n'en devient que plus pâle. Mon rôle ne commencera que réellement demain, où je devrais affronter de pleine face la dure réalité, et les caprices d'une cour qui fera tout pour me convaincre du pire comme du meilleure. Mais après tout, n'est-ce pas ce que j'ai souhaité, au fond de moi ?..."

Reportant son regard sur son ami, quelque chose la troublant lorsqu'elle croisait ses yeux, la jeune phoenix les reporta immédiatement sur le sol.

"Excusez-moi, Sir Kezahr, mais je me vois dans l'obligation étrange de me retirer. Passez une douce et agréable journée... Et informez-moi de tout avant la cour, si possible... Merci, et excusez-moi d'être si impolie."

Ne parvenant pas à relever les yeux vers son ami, Myroo tourna les talons, se dirigeant vers l'exterieur, et vers ses nouveaux appartements, alors qu'elle se passait une main sur le visage, et observait presque avec dégout la tonne de maquillage qu'elle venait d'enlever. *J'ai l'impression de n'etre qu'un pantin que la cour se fera une joie de diriger... Ca ne se passera pas comme ca...*

#Je ne sais si vous étiez bien mesquin ou le plus talentueux de toutes les pithies, Votre Sainteté...#

Regardant la jeune femme, peinée et affligée par mes propos, sur lesquels je ne pouvais hélas formuler de regret, tant ils s'étaient échappés avec sincérité et amitié de ma bouche, je demeurais immobiles quelques instants, alors que la foule se pressait à l'exterieur et abandonnait de même que la souveraine les lieux, désormais redevenu havre silencieux en lequel je m'agenouillais, à même ce sol quelques instants plus tôt foulé avec indifférence par des gens de toutes sortes, et me tournais vers l'autel où se dressait tantot la jeune femme et le prêtre procédant à l'office, priant en me contraignant au mutisme, seul le tintement de mon épée alors qu'en posture j'en saisissais la poignée, se haussant en portant ainsi la lame sur la gaine, émettant ce singulier et apaisant par son éphémerité tumult.

~Gardez-la, Seigneur, pour notre salut...~