Palier du palais

"Le plus beau royaume après celui du ciel" :

En ce jour où le Soleil dardait le royaume de ses rayons, et faisait halte au-dessus de notre mère-cité, je m'avançais dans l'avenue, défilant en tête de ce cortège, encadré d'officiers du corps armé qui me fixaient, le regard emplit d'un respect dont je n'eus jamais cru qu'il eut pu être envisagé à mon égard. La foule massée de part et d'autre de l'allée gargantuesque, sa liesse résonnant par-dessus les façades des demeures, ses acclamtiosn parvenaient à mes oreilles, alors que le cortège cessait sa procession, faisant halte sur le parvis du palais, où les hautes instances se trouvaient unies, se dressant comme la plus poétique des allégories devant moi, dans leurs armures rutilantes sous les battements du coeur qui embrasait les cieux, portant la main sur l'épaule de chacun des officiers se tenant à mes côtés, se voyant octroyer des grades que je n'eus osé caresser en rêve, bien que mon esprit anti-carriériste aurait tôt fait de porter à mal la liesse qui aurait pu me saisir. Esquissant un sourire, cette figure si bonne apparaissant en retrait, dressé aussi haut que son échine lui permettait, mon mécène, l'instigateur de tout ceci, cette journée belle et emplie des cris de joie, de ces créatures qui se tenaient à quelques mètres de moçi et mes acolytes, alors que me voyant octroyé le grade de Maître de la Garde, les sentinelles de cette nuit de feu et Gibrand à leur tête, au sourire si aimable qu'il affichait, ayant plaidé ma cause, laissant le poids de mes erreurs à ma conscience, et mesurant en détail mes décisions qu'ils avaient jugées promptes, se tenaient non loin, me faisant face alors qu'en un regard je le remerciais.

#Merci de votre soutien, mon ami... Yam au-dessus de mon chef, la main portée sur le pommeau de mon épée encore à sa gaine, qu'il soit dit que je ne te decevrai pas.#

Percevant un clin d'oeil du lieutenant, je riais, alors que mes acolytes l'espace d'un instant demeuraient interloqués, discernant parmi cette candeur générale mon excès de joie, se laissant aller à rire de même portés par le contentement, loin du protocole. Ce protocole... Il demeurait ici, aussi loin que portaient mes yeux, fixant les façades se dessinant en face de moi, à longue distance, derrière ces grilles érigées à l'entrée du quartier pour qu'ils ne rentrent pas. Les enfants de la fange, les miens, ceux dont la vie reposerait dans mes mains, désormais, plût au ciel qu'il me soit donné de la leur rendre meilleure, qu'à défaut de rois ou d'instances soucieuses de leur interêt, ils aient quelqu'un pour les protéger des maux rejetés en périphérie par ingérence, ou par interêt pour certaines "affaires" des officiers ne pensant en bien que si celui-ci peut être mis au pluriel.

"Gloire à notre père Yam, à ses fils, à son royaume ! Que tous perdurent, par le mot et le fer, que ceux-ci ne sonnent leur glas, que l'aube demeure argentée et ne se teinte de rouge, que l'eau ne prenne le goût du sang, que le fil de nos épées demeure aiguisé, je brandirai celle qui me fut donnée le premier sur ces terres, et manderai bénédiction pour celles s'agitant par-delà les frontières."

*Encore faut-il les connaître, ces terres, ces frontières...* songea Myroo à ces paroles prononcées. Comme tout habitant de Yam habitant à proximité, elle s'était rendue à cette "ceremonie", puisque telle était la volonté de sa mère et son devoir envers les siens. De là où elle était, elle ne voyait pas grand chose, si ce n'etait les belles architectures du palais. *Encore un lieu innaccessible... Regardez-vous, tous, vous les écoutez, et moi, vous n'osez même pas me regarder lorsque je tiens à parler...* La jeune phoenix lacha un soupir, mais ne voulait gacher ces instants de fêtes.

Quelle gouaille... Intriguer ne m'interessait pas, il est vrai. J'eus préféré en personne m'avancer vers les quartiers me faisant front, prendre un camarade dans mes bras, enserrer une vieille femme, ou éffleurer les joues d'un bambin, que chacun au-delà de ces barrières voit. Qu'il voit où peut aller un miserable, que sa face n'a pas changée, que si ses vêtements sont immaculés, sont esprits n'a pour autant pas été pervertit... Hélas, fort de ce statut que l'on m'octroyait sur l'instant, j'étais les poings liés, ma langue s'agitant dans une gueule parsemée de lances aux pointes éffilées ne pardonnant le moindre excès. Souriant toujours, malgré la situation dans laquelle cet instant me plongeait, ce sentiment d'amerume me saisit, me fit baisser la tête, alors que Sa Sainteté s'avançait, usant de son bagout devant la foule buvant silencieuse ses paroles, seul un tumult planant dans l'air, tandis que tous officiers nous plongieons dans le mutisme, que la main du vieil homme restait un instant sur mon épaule, mais que son souffle se retint un instant, que de sa gorge s'élevait un râle rauque, qui attira mon regard, mes yeux s'écarquillant, alors que le premier je venais vers le saint homme, précedant mes acolytes tandis qu'il rejoignait le sol. La stupeur s'élevant en un murmure continu depuis notre position jusqu'aux confins de l'avenue, nous portîmes Sa Sainteté dans le palais trônant dans notre dos, alors que ses portes s'entrouvraient légèrement, le religieux y pénétrant au moyen d'une escorte, mon mécène y disparaissant, alors que je me tournais vers la masse s'agitant face à moi et aux sentinelles de sécurité.

"Gibrand, maintenez la position de vos hommes. Amis, retenez la foule, que personne ne passe, mais pas de violence !"

"Bien, Sir Malash !"

#"Sir"? Oh, Seigneur, que voilà une étrange dénomination...#

"Amis, maintenez vos positions, pas de débordement ! Citoyens, paix, revenez au calme, et retournez à vos demeures !"

Ayant vue la foule s'agiter d'un coup, Myroo releva les yeux, tentant de savoir ce qui s'était passé. Se faufilant, bousculant un peu la population, elle fut bientôt entrainée par la foule vers les portes, sans qu'elle ne puisse se stopper. Ne supportant pas de se faire ecraser, voir même tripoter par des hommes, la phoenix rechauffa son corps, ce qui eu pour effet d'ecarter tout être la touchant, la frolant même. Se frayant ainsi un passage assez aisément, elle fut arretée par les gardes, qu'elle ne desirait brûler.

"Ne me touchez pas, attendez un peu je vous pris..."

Se hissant sur la pointe des pieds, Myroo aperçue une silhouette familière.

"Oh ! Messire Kezahr ? Messire Kezahr !"

Fauchant l'air de mon épée qui siffla, menant les Gardes à marquer une pause, je m'avançais avec eux, et m'immobilisais ainsi de même que les sentinelles, puis repoussant les milices en hâte avançais vers la foule, modérant les gestes de mes acolytes, protégeant le lieutenant d'un mauvais coup, dont je saisis le responsable, le portant jusqu'aux bras de sentinelles demeurées en retrait. Tendant la main, je fendais la masse, et me saisissais de la menotte de la jeune femme, mon épée apposée sur son flanc, alors que dans l'avenue la foule se retirait, avec ou sans que les Gardes n'aient à les repousser, leurs actes ayant perdu en violence alors que j'avais haussé le ton, sous le regard approbateur de Gibrand, revenant vers moi alors que demeuraient quelques résidents et la demoiselle.

"Ce ne sont des bêtes, plus de vigilence et de retenue ! Menez les contestataires à la caserne, qu'ils soient dégrisés ou ressaisis. je lâchais un soupir, cette demie-heure passée à modérer ces sentinelles fraichement soumises à mon commandement, et l'avenue dégagée de la très grand majorité des citoyens regardais la jeune femme. Allons, je suis surpris de vous voir, demoiselle desten, d'autant plus en ce lieu. Et en pareille occasion, semblerait-il."

#Mes actions de la nuit avec cet incendiaire m'avaient seules fait subir tant d'action en un seul instant, surtout en de telles circonstances...#

Myroo ayant eu le temps de refroidir son corps, elle ne brula pas ainsi messire Kezahr lorsque ce dernier lui permit d'être à ses côtés. Souriant briefement à ce dernier, la jeune phoenix ne comprenait pas tout à fait la situation.

"Je suis venue ici en tant que citoyenne, messire Kezahr. Mais je dois avouer que je n'écoutais qu'a moitié ce que disait Sa Sainteté... Ma surprise fut à son comble lorsque je fus poussée par la foule, et forcément, j'aimerais bien savoir ce qui s'est passé... Est-ce grave ?"

Myroo se sentait un peu sotte d'avoir posé cette question. Il était evident que c'etait grave, sinon, pourquoi le peuple reagirait comme ca ?

"Comme toutes les figures dont la mine devient pâle, Sa Sainteté en défaillant au cours de la cérémonie à suscité la peur dans les âmes des citadins, il en va ainsi des grands Hommes comme des grands monuments lorsqu'ils paraissent faiblir, demoiselle Desten, mais leur retour n'en est que plus éblouissant."

La foule retirée, les sentinelles patrouillant dans l'avenue, je désignais des secteurs de la gigantesque rue, y envoyant les Gardes, tandis que quelques miliciens, dont mon ami, demeuraient à côté, et pouvaient se porter témoin du sourire que apparaissait sur ma figure alors assombrie par la venue de ces évènements impromptus.

"Sa Sainteté est sujet à une affliction, ses forces n'ont suffit à lui faire endurer cette cérémonie par trop longue et éprouvante, mais Yam veille sur lui, advienne ce qu'il désirera, sa bénédiction demeurera. Je ne sais quand il s'en remettra, on lui donne les sels sur l'instant, surement, mais dans l'immédiat, je devais calmer la foule, donc nulle nouvelle."

#Hum, peut-être...#

Surprise, Myroo hocha lentement la tête.

"Je vois... Vous avez fait du bon travail à ce que je vois. Quant à moi, pour ne point me faire ecraser, j'ai du me faire chauffer... Il y a des fois où l'on se demande ce qu'on ferait sans ça... Enfin, je suis heureuse de vous revoir messire Kezahr, tout à l'air d'aller plutot bien pour vous."

La jeune phoenix finissa sa phrase accompagnée d'un sourire, décidant de ne pas trop s'en faire pour Sa Sainteté, qui était à présent entre les mains d'Yam.

"Les choses vont selon la voie que l'on arpente. J'ai été porté à une fonction respectée, mais comme vous le voyez cela a une contrepartie qu'il faut gérer avec finesse. Je suis bien aise de voir que vous êtes satisfaite de ce travail, demoiselle Desten, bien que sans vos capacités vous eussiez courru un risque considérable, enfin c'est l'apanage des forts rassemblements, surtout dans tel contexte."

Parlant avec plaisir, je me saisissais des dernières paroles de la jeune femme, les accueillants chaleureusement, ainsi que l'exprimaient mon sourire s'élargissant qui de concert avec mes yeux s'apposant sur la figure de la demoiselle faisaient rire au loin mon camarade Gibrand, devant lequel je me permis de faire la réverence à l'interlocutrice me faisant face.

"Je suis de même heureux de vous revoir, demoiselle Desten, et de voir que le temps n'a su altérer tant votre charme exhalé par cet intriguant sourire que la sincerité de vos propos. Des circonstances pour le moins étranges, mais cela n'altère en rien la situation."

M'adressant un signe, un hochement de tête, le lieutenant commença à se diriger vers le palais, faisant une halte alors qu'il s'entretenait avec des sentinelles, puis continuant sa marche, alors que je regardais la jeune femme fixement.

"Alors, venez-vous, mademoiselle?"

Une deuxième fois surprise en ce jour, Myroo ne put s'empecher d'afficher un splendide sourire à la dernière question de messire Kezahr.

"Je vous suis, messire Kezahr. Je ne pourrais ouvrir la marche sans me perdre de toute façon..."

La dernière phrase de la jeune phoenix était sincère mais dite avec un certain amusement.

"Vous perdre? Allons, cette avenue n'est pas des plus sinueuses, il faut bien l'avouer. Si ce n'était le cas, pensez de ce qu'il adviendrait des escortes dont le chef ne saurait distinguer la gauche de sa droite..."

#Ce qui est par ailleurs assez récurrent...#

Souriant, me retenant de rire à ses pensées, ma figure reprenait son sérieux alors que de quelques pas je revenais vers le palais, en attendant toutefois la jeune femme en modérant mon allure, et observant des factions qui en sentinelles groupées de même revenaient sur le palier de l'imposant bâtiment.

"Et ceci, vous y êtes vous déjà égarée, demoiselle Desten?"

"Ceci ? Je ne puis dire messire Kezahr, jamais je n'ai pu y entrer, voilà bien la première fois que je le vois d'aussi près."

Se mettant au même niveau que son ami, Myroo marchait à la même allure bien que ses yeux se promenaient beaucoup. Approcher de si près le palais, qui plus avec une très bonne compagnie faisait partie d'une des choses dont elle avait revé plus jeune...

"Qui saurait interdire l'accès d'un saint lieu à une dévote... C'est étrange, alors que la foule convulsait lorsque Sa Sainteté s'affaissait, vous ne sembliez à vos dires réagir avec tant de... ferveur. Non que je vous en tienne rigueur, mademoiselle, mais disons que cela est assez troublant."

Nos pas nous menant à chaque seconde s'écoulant plus proche du palais, la figure de Gibrand s'approchait, déambulant en parallèle, n'approchant pas, mais me désignant l'imposante bâtisse d'un mouvement de tête, que je n'accueillais que d'un soupir, une autre reflexion se présentant ainsi à moi.

#Ce serait interessant...#

"Je... Certaines paroles sont très repetitives... Ne croyez pas cependant messire que ma foi vacille ! Elle est intacte, et le restera toujours envers Yam."

Myroo avait écouté tout les dires de Sa Sainteté lorsqu'elle était plus jeune, et elle s'était vite rendue compte que même si les phrases différaient, le but était toujours le même... Ainsi, elle avait décidé d'être toujours présente lorsque Sa Sainteté s'exprimerait, mais qu'elle ne l'écouterait que d'une oreille, sait-on jamais...

"Repetitives? Hum, et dire que vous m'exposiez avec un tel désarroi votre regret de ne point être écoutée, que cela est étrange que vous ne vous fassiez rigueur sur un point dont vous trouvez qu'il fait défaut à vos semblables."

Je souriais assurement, m'en amusant, mais ne perdais la mesure de mes propos, ne les énonçant sans y penser, bien que mon regard fixe, pouvant laisser penser que j'en étais distrait alors que je marchais aux côtés de la jeune femme vers le palais, flanant davantage.

"Mais je vous concède que votre foi n'est pas altérée du fait de ce désinterêt, mon experience m'a moi-même mené à voir certaines choses sous un angle que la plupart des dévots ne peuvent présumer, mais en ce sens je vous déconseillerais de clore vos esgourdes aux suppliques d'un homme tel que lui, et je n'entends par là son habilitation de religieux, demoiselle Desten..."

Souriant, Myroo aquieca d'un hochement de tête.

"Vos conseils me sont toujours precieux messire Kezahr, et soyez sur que je m'en souviendrais toujours. Tandis qu'à l'écoute... Il est normal d'écouter Sa Sainteté, l'inverse serait irrespectueux, du moins pour certains. Sa Sainteté est une personne importante, tandis que moi je suis une banale citoyenne, voilà toute la différence. Nous en avions déjà parlé, et je vous avez dit que je me ferais entendre, et j'y songe toujours. Cette idée ne sortira pas de ma tête si facilement."

Laissant echapper un leger soupir dissimulant plutôt un petit rire, Myroo passa sa main dans ses cheveux, les remettant ainsi en arrière. Le palais approchait, et elle, qui aurait dut stresser, se sentait apaisée. C'était surement dut à la presence de messire Kezahr à ses côtés, cet homme qui la rassurait sans qu'elle sache comment...

"Sa Sainteté est une personne importante, car elle est celle qui unit les pensées de toutes les âmes, nulle caste devant lui, nous pouvons tous deux nous trouver parmi une foule regroupant marchands, simples commis, et officiers de tous grades, et c'est là ce dont vous ne semblez sûre, c'est compréhensible, d'autant plus par mon approche, et bien que vous ne sembliez en avoir besoin, qu'au moins votre coeur saisisse à nouveau mes mots, qui vous convient à parler aussi distinctement que votre port vous le permettra, que cela fut même à une armée aux pas lourds et assourdis par le fracas de l'acier."

Heureux que la jeune femme ait conservé mes paroles en sa mémoire, je souriais, bien que mes lèvres peinaient à demeurer en place, alors que les portes du bâtiment se dresseraient bientot devant moi.

Reflechissant à ces propos, Myroo continuait de marcher, souriant toujours à messire Kezahr. C'est alors qu'une question, une qui aurait dut l'interpeller bien avant, se fit présente dans son esprit.

"Messire Kezahr... Pourquoi m'ammener avec vous au palais ? Je dois avouer que ca m'intrigue, bien que j'en sois ravie."

"Ma foi, il me faut y pénétrer, mais il serait plus convenu de vous laisser y pénétrer sous ma garde et mes indications que de vous laisser en ce quartier, dans lequel je ne pourrai rester, et pour des raisons autres que vos devoirs vous également, n'est-ce pas?"

Mon sourire reprenant forme alors que je constatais la prudence de la jeune femme, se modérant dans ses propos dont elle jaugeait, enfin ainsi qu'il me le semblait, la correction, je devais avouer être intrigué par cette retenue, que je n'avais vue de commune que chez... moi, enfin sans prétention aucune, assurement, uniquement un esprit alerte à toutes les sensibilités.

"Sous mon escorte, vous pouvez y pénétrer, cela me semble une contrepartie honnête, à moins qu'elle vous importune tant que vous en veniez à désirer achever ainsi notre vadrouille, demoiselle Desten..." dis-je, m'amusant ouvertement, bien que si l'envie prenait à la jeune femme de couper court à cette conversation je me serais executé pour satisfaire l'envie de mon interlocutrice.

Souriante, Myroo ne sut quoi répondre dans l'immédiat. Après quelques secondes, elle reprit la parole.

"Qui plus est, être en votre compagnie est très apaisant messire. Il faut croire que je ne puis vivre sans vous, puisque nous finissons toujours par nous retrouver."

Aimablement, la jeune phoenix fit un leger signe de la main, venant d'une des coutumes de sa race en particulier.

Je me saisissais délicatement de la main de la jeune femme, et me postant face à elle m'inclinais respectueusement, heureux d'être son obligé alors que j'accueillais avec sympathie le compliment de mon interlocutrice.

"Et de même, si ainsi vous ne désirez, ô demoiselle Desten en cet instant, me briser le coeur en déviant votre route, je suis bien aise de vous avoir à mes côtés en ce jour, pour pallier à la gravité de l'instant."

Il était fort vrai que le besoin de ma présence due à l'incident dans le palais laissait planer une pesanteur étouffante sur l'avenue, que dominait grave la bâtisse colossale qui si de toute beauté d'une prestance qui m'eut glacé le sang, si la demoiselle n'avait égayé ce lieu de son sourire et de son amabilité.

Souriant de plus belle, touchée par ces paroles, Myroo ne put que répondre qu'avec une grande sincerité.

"Je ne désire point vous briser le coeur, loin de là messire Kezahr, et c'est pourquoi, pour garder le votre intacte, et le miens par la même occasion, je ne devierais ma route, et continuerais de vous accompagner, avec autant de joie qu'a présent."

"Une réponse empreinte de sincérité, je vous en remercie, demoiselle Desten, cela ne m'étonne de vous, mais il est beau de voir que vous conservez cet esprit, je dois avouer que cela m'aide beaucoup, puis-je vous le rendre un jour, chère amie."

Me redressant, je laissais échapper un léger soupir, de contentement seulement, et rendant son poignet à la jeune femme, dont j'esperais qu'elle ne s'était offusquée, enfin il apparaissait que non, de cette incorrection-ci, reprenais mon cheminement, jusqu'à ce qu'enfin, Gibrand nous précedant, nous arrivâmes aux portes du palais, qui en un branle accompagné d'un léger cliquetis laissait chacun de ses battants s'ouvrir à demi.

"Je ne saurais trop vous conseiller de là à ne pas vous éloigner, tant pour ne pas vous perdre, que pour qu'un Garde ne vous trouve sans mon égide, demoiselle Desten."

#Une belle bâtisse qu'une belle personne pourra contempler comme il se doit, mais la prudence doit prévaloir sur la curiosité, celle-ci ayant laissé un cinglant souvenir à mon acolyte à notre dernier entretien...#

"Alors, je ne m'éloignerais pas, et resterais soigneusement à vos côtés, messire Kezahr." répondit la jeune phoenix avec franchise.

Elle n'allait pas tenter de découvrir elle-même ces lieux, puis même, elle n'en n'avait aucune envie car ce serait vraiment malhonnête de faire un tel coup bas à son ami.

Alors qu'il faisait nuit, et que désormais seuls les flambeaux et étoiles nimbaient la cité de lumière, nous parvîmes mon amie et moi de nouveau dans la gargantuesque avenue se dressant aux pieds du colossal, que je pus retrouver malgré l'obscurité, notre cheminement d'ici à la taverne étant demeuré frais dans mon esprit.

"Nous y voici, demoiselle Desten. Nulle agitation, seuls quelques miliciens aux paupières tombantes de sommeil. Désirez-vous ouvrir la voie, que je me tienne à vos arrières pour vos retenir si vous cédiez à la fatigue?"