Corridors

"Le plus beau royaume après celui du ciel II":

M'étant engagé avec mon amie par les portes semi-béantes du palais, j'arpentais déjà ses couloirs, mes pas étouffés par les sols dallés mais couverts de tapisseries étouffant la pesanteur de mes bottes, mon visage recouvrant une part de son austerité alors que la lumière perdait en intensité, celle de quelques rais paraissant par les vitres placées hautes et de front au Soleil palliant à l'intensité des rayons qui nous éblouissaient dans l'avenue, je portais mon regard alentour, celui-ci ocillant entre la jeune femme, et les hautes cloisons entre lesquelles je m'aventurias, croisant quelque fois une sentinelle, me saluant avec déférence, d'un pas pressé s'éloignant dans notre dos, semblant fuir la venelle, et la chambre vers laquelle elle nous menait. Je demeurais silencieux, je ne voulais paraître trop désobligeant, manquer d'égard envers la demoiselle, mais même avec telle présence une atmosphère oppressante demeurait, que j'accusais d'un souffle régulier, mais puissant, rythmé par la cadence de mes pieds frappant en douceur les pavés couverts. Je cessais de marcher, puis retenais ce souffle rauque lorsqu'une porte ornée de deux Gardes l'hallebarde en main et la cuirasse sur le torse vint se dresser dans le corridor que nous arpentions. M'avançant de quelques pas, deux mains paraissant et poussant les battants du seuil sur lequel s'attardait un faisceau pénétrant depuis un soupirail, je me tournais vers la jeune femme, lui souriant tout de même, bien que géné de l'abandonner ainsi, une fois ce silence brisé de la sorte.

"Navré, demoiselle Desten, mais ce seuil ne peut être passé avec vous... J'ai le regret de vous demander d'attendre, et de patienter. Mais sous la sruveillance de ces sentinelles, vous avez vos quartiers libres..."

#Il s'agit de Sa Sainteté, hélas, mon amie...#

Désolé, je détournais le regard vers la pièce se dévoilant par-delà la porte, et y percevais Gibrand, et en partie dissimulé par l'encadrure ce qui semblait être un fragment de l'assemblée de Sa Sainteté, dont je saisissais les regards portés à mon encontre, alors qu'une pâle figure alitté plongeait ses yeux dans les miens, m'extirpant de nouveau un sourire, que j'abandonnais à la jeune femme.

Comprenant que messire Kezahr se devait de rentrer dans cette salle sans elle, Myroo lui sourit.

"Ne vous en faites pas messire, je vous attendrais ici avec une grande patience."

Comme pour illustrer ses propos, la jeune phoenix s'adossa contre une colonne, souriant toujours avec honneteté.

Ne répliquant à la jeune femme que d'un bref et léger rire, je l'abandonnais aux couloirs et à la vue des Gardes, apposant un instant ma main sur l'épaule de l'un des deux hommes, qui m'accompagnait du regard alors que je passais ce palier. Me dévoilant ainsi à la vue des hommes d'armée, dont le lieutenant apparaissait comme un représentant inférieur, parmi la cour massée autour de cet autel placé au coeur de la pièce et joignant en premier lieu les membres du dogme de Yam, je m'avançais vers elle, lui faisant front, alors que le léger brouhaha qui régnait lorsque la pièce s'offrait à moi cessait étrangement, je m'engageais dans la voie que formaient les hommes, se scindant en deux cohortes cerclant le monument, où reposait la figure blême cet homme qui cristallisait toute cette attention auparavant, puis de nouveau lorsque je parvenais au chevet de l'homme en burre blanche et soieries colorées alitté, mais conservant un fin sourire qui offrait à de vieux traits ceux d'un candide enfant.

"Mon jeune Malash, te voici. Approche, approche donc..."

Alors que la voix du vieille s'éteignait en achevant de parler, je passais outre l'interêt que me vouaient cette assemblée, et m'executais, tendant l'oreille à l'homme, ce second mécène, dont le proche ami et celui qui m'avait introduit à son service demeurait face à moi, m'observant et croisant mon regard alors que je le balançais en proie au doute de part et d'autre de la salle, trouvant paix et sérénité au sein des yeux de mon pédagogue, m'encourageant d'un furtif mouvement à poursuivre.

"Je suis là, Votre Sainteté. Ordonnez, et je m'executerai, mon Maître."

Un rire, fait d'un souffle rapide mais léger, s'échappant de l'autel sur lequel demeurait Sa Sainteté, alors qu'un semblant de confusion se saisissait de la communauté, un second souffle expulsé d'une gorge sèche, celle d'un mort à n'en pas douter, une main s'éleva depuis le sommier, se posant sur ma nuque, puis fébrilement venant sur mon oreille, s'approchant des lèvres du vieux religieux, me sussurant quelques mots, que l'assemblée tentait subrepticement de saisir, exposant leurs esgourdes en faisant mine de rester de glace. Je fus saisi d'étranges sensations alors que Sa Sainteté me faisait ses confidences, mon visage présentant ma surprise.

"Mais, Votre Sainteté !..."

#C'est... absurde !#

Ne se laissant interrompre, le vieil homme tira légèrement sur mon échine, ne s'interrompant pas, ne tenant pas même compte de mes exhulations. Quelques minutes encore, un silence géné perdurant, lorsque le vieil homme eut fini de me parler, achevant de la sorte.

"Qui est-ce, mon enfant?"

Toujours débilité, je portais ainsi que la foule mon regard vers le corridor, d'où emergeaient les figures des sentinelles, qui de concert suivirent tous ces regards torves.

"Votre Sainteté, je..."

Toujours sagement adossée à la colonne, Myroo observait toute l'architecture de l'interieur pour une fois. C'était surprenant, magnifique, et à la fois inquiétant. Son sourire l'ayant quitté pour être remplacé par une moue curieuse, Myroo se posait des questions sur cet entrevue, bien qu'elle ne devait pas se meler des affaires de messire Kezahr. Observant de nouveau les portes à travers lequelles son ami avait disparut, la jeune phoenix fut surprise de voir les regards des deux hommes qui se tenaient à l'embouchure des portes la fixer ainsi. Haussant legerement les sourcils, Myroo parla d'une voix claire.

"Ais-je fais quelque chose de mal pour avoir vos regards posés sur moi ? Si c'est le cas, je m'en excuse..."

Délaissant Sa Sainteté de quelques pas, je m'avançais vers le seuil, qui présentait de son autre part la jeune femme, devant laquelle, intrigués par son interrogation, les sentinelles demeuraient muettes. Rompant le silence, je fis résonner ma voie dans la salle, adressant toutefois un ultime regard au vieil homme, peu assuré que je l'étais, avant d'interpeler mon amie.

"D-Demoiselle Desten, veuillez vous donner la peine d'entrer, je vous prie..."

Joignant le geste à la parole, j'étais intrigué, mais porté par les intentions aussi absconces fussent-elles de Sa Sainteté, et invitais la demoiselle à nous rejoindre, tendant le poignet vers la porte et ma jeune amie pour la pousser à se joindre au conclave de... fidèles?

#Deux roturiers, cela est bien plus que singulier. Le Maître oserait? Non...#

"Comment ?..." fit la jeune phoenix d'une voix soudainement basse.

Secouant la tête, Myroo se reprit. Ce n'était pas le moment de divaguer, loin de là même.

"Oui, bien sur messire Kezahr."

S'avançant paisiblement, Myroo adressa un sourire à son ami, et pénetra dans la pièce avec calme, ne disant aucun mot.

Venant à sa rencontre, je m'approchais de la jeune femme, et l'enjoignais, comblant mon mutisme d'un sourire dont j'esperais qu'il conforterait tant mon coeur que le sien, alors que de la paume de ma main je frôlais l'échine de mon amie, et la conduisait vers Sa Sainteté, gisant sur l'autel avec son éternel sourire, dont il laissait augurer par habitude des évènements bien singuliers, mais emplissait en parallèle nos coeurs du courage dont notre âme devait souffrir pour faire face à ces grands maux qui perdent les esprits trop peu avertis. Guidant la demoiselle vers lui, j'abandonnais à nouveau celle-ci, m'inclinant devant Sa Sainteté une autre fois avant de reculer de quelques pas.

"Votre Sainteté, voici-"

"Mademoiselle Desten, il me semble, est-ce bien ainsi que tu l'as nommée? Allons, Malash, pourquoi emmener cette jeune femme ici? Projetes-tu de te fiancer sans mon aval, petit sacripan?"

Riant ainsi qu'auparavant à ce trait d'esprit, le vieil homme nosur egardait tous deux, semblant faire abstraction de l'assemblée groupée alentour, et s'oubliant ainsi en public, alors qu'en cette circonstance funeste Sa Sainteté parvenait à désceller mes lèvres, qui n'étant plus tremblantes purent formuler une réponse à la boutade de mon tuteur.

"Certes non, Votre Sainteté, mademoiselle Desten est une amie, elle a pénétré en ce lieu avec moi. Une jeune femme, dévouée à notre Seigneur, et son peuple en premier lieu, lui offrant son grand esprit et sa force."

"Véritablement? Ho, approchez, enfant, n'ayez crainte. Cela en est-il ainsi?"

Ne pouvant se retenir de sourire à la première remarque de Sa Sainteté, Myroo redevint plus sérieuse lorsqu'elle fut priée d'approcher.
S'avancant alors vers Sa Sainteté, la jeune phoenix s'inclina avec respect, avant de lui répondre.

"Notre peuple mérite toute notre attention, Votre Sainteté. C'est pourquoi, citoyenne que je suis, je m'y met à son entière disposition. Cependant, comme messire Kezahr l'a également souligné, je suis dévouée à notre peuple, mais également à Yam, bien que les deux soient liés."

"Il est vrai, le Seigneur ne serait sans ses bras, ni sa voix, il est bon de voir une enfant tournée vers les autres. Votre esprit est bien ainsi que l'a énoncé mon jeune Malash, demoiselle, et s'exprime bien par ces fines lèvres."

Ecoutant impassible Sa Sainteté, je me permis de m'avancer, lorsque qu'élevant son poignet le vieil homme me manda, et se saisit de mon bras lorsque aux côtés de ma jeune amie je prenais place, et étais forcé de m'incliner, alors que fébrile le religieux levait son échine, portant ses lèvres à l'oreille que je lui tendais. Quelques secondes passèrent, où les lèvres du vieillard s'agitaient sous les yeux de l'assemblée, alors que les miens, transits, s'ouvraient grand, se posant sur la jeune femme, puis se reportant vers Sa Sainteté alors que plus une parole ne venait à mon ouïe, et qu'il s'affaissait, relâchant son étreinte, en poussant un soupir. Les hommes se massèrent davantage au chevet du vieil homme dont les yeux se closaient, alors qu'après cet entretien si bref je tirais mon amie en arrière, l'attirant vers les portes alors que l'assemblée ne redoublait d'attention que pour l'homme à la pâle figure assoupi sur l'autel, vers lequel je lançais un utlime et triste regard, que je balançais vers la demoiselle, me resaisissant.

"Je dois vous parler, demoiselle Desten..."

Ayant perdue son sourire, Myroo observait Sa Sainteté. Que de souffrances... Pourtant, lorsqu'elle croisa son regard une dernière fois, elle esquissa un sourire.
Se sentant tirée vers l'arrière, elle n'opposa aucune resistance. A présent en face de son ami, Myroo reprit la totalité de ses esprits.

"Et je vous écoute messire Kezahr..." repondit la jeune phoenix.

Entendant le souffle saccadé de Sa Sainteté, Myroo prit impulsivement la main de son ami, peut-etre pour se rassurer de sentir quelqu'un en bonne santé près d'elle.

Etreignant la main de la jeune femme, je la menais marchant à allure mesurée par delà le seuil de la porte, m'arrêtant dans le couloir, déserté par les sentinelles, où je pouvais m'entretenir avec la demoiselle plus intimement, et sans craindre les remarques et expressions d'indignation que pourraient formuler les hommes demeurant dans la pièce, vers laquelle je jetais à nouveau un regard, pour le noyer dans celui de la phénix, demeurant emplit de cette constante bienveillance dont elle recelait, que même le triste état de Sa Sainteté ne pouvait empêcher de m'octroyer la force suffisante pour faire part des suppliques de celui-ci à la jeune femme.

"Sa Sainteté vous tient en haute estime, je ne sais pourquoi, enfin ne vous en offusquez pas, c'est simplement qu'il est assez troublant de constater qu'il a une telle considération envers vous..."

#Mais pourquoi désire-t-il cela? Je ne le désapprouve nullement, mais...#

Je m'accordais, ainsi qu'à mon amie un instant de répit, réfléchissant, me demandant comment tourner mes propos pour qu'ils n'heurtent la jeune femme, autant que la requête que je désirais ainsi formuler m'avait saisit de surprise, et projeté dans une incompréhension que j'eux cru impossible après ces quelques temps passés auprès de Sa Sainteté et sa garde.

"Sa Sainteté vous accorde crédit, autant que moi, et souhaiterait vous soumettre une requête importante. Proche de la fin, hélas, ce n'est plus le temps de le nier, il aurait à coeur que vous l'acceptiez... et à dire vrai moi de même, demoiselle Desten..."

Clignant plusieurs fois des yeux, Myroo écoutait très attentivement les paroles de son ami. Qu'il ne l'ai laché la rassurait, mais sa curiosité fut présente à la mention d'une requête.

"Une requête, sir Malash ? Dites-la moi donc, ma curiosité a été ravivé."

La jeune phoenix songeait à Sa Sainteté et était déçue au fond de ne pas avoir put lui parler bien avant. Plusieurs fois elle l'avait vu au temple, et jamais elle n'avait osé l'approcher, de peur de le déranger.

"Sa Sainteté n'a pu la formuler devant les hommes hantant cet appartement, aussi faut-il conserver une totale discretion. Une grande majorité de ceux-ci sont des nobles, provenant des plus hautes instances, de l'armée comme de l'Ordre de Yam ou de l'administration de la capitale, il est même certains seigneurs de province..."

Je m'attardais, mon regard passant de temps à autres sur l'entrée de la pièce où se massaient les dignitaires, ne délaissant étrangement cette main demeurant entravée dans la mienne, mon étreinte se relâchant toutefois alors que je mesurais tant l'inconvenance que la douleur que pouvait procurer ce geste à ma jeune amie.

"Sa Sainteté est à la tête de la seconde autorité en fonction dans le pays de Yam, mais sa santé délcine, et avant la fin, qu'un autre ne prenne sa place, il désire que son pouvoir, absolu en ce lieu, serve des desseins particuliers..."

#Elle me prendra pour fou, je le crains...#

"Mon Maître vous fait confiance, autant que moi, il m'a confié cette utlime requête, et placé de même ses espoirs en mon avis. Nous sommes tous deux roturiers, ainsi je me dois de vous le demander, et en cet instant suis saisi d'une fierté que je ne saurais m'expliquer, non pour moi... Demoiselle Desten, Sa Sainteté, en ses ultimes heures, veut vous soutenir et vous voir acceder au trône de Yam."

Achevant d'un trait mon discours, je prenais un instant, soufflant légèrement, laissant la jeune femme considérer cette requête, somme toute considérable en importance, et pendant à ses lèvres en attente d'une réponse, mes yeux ne se détâchant du visage de mon amie, attentifs à la moindre de ses mimiques, alors que ma bouche prenait la forme d'une moue traduisant la reflexion dans laquelle je m'immergeais.

A cette déclaration, Myroo ne put que rester bouche-bée, un sentiment de surprise ornant son visage. Elle n'en revenait pas... Elle, qui avait toujours voulut être écouté... Elle, qui ne vivait quasiment que pour son peuple, qui, pendant des années et des années, sans relache, ne cessait de s'informer sur les besoins du peuple, elle, une citoyenne au même rang social que les autres... Entrouvrant legerement les lèvres pour parler, elle les referma aussitôt, cherchant ses mots, tout en redescendant au moment présent, et en se disant que ce n'était pas un rêve.

"Je... C'est... C'est avec un immense honneur que j'accepte cette requête, qui, je l'avoue, me surprend... autant qu'elle m'innonde de bonheur."

D'émotion sans doute, les mains de la jeune phoenix se mirent à trembler, bien que Myroo tentait de s'apaiser du mieux qu'elle le pouvait.

Posant ma main gauche sur l'épaule de la demoiselle, je la contemplais, me trouvant étrangement souriant, peut-être du fait de cette réponse, ou du visage de la jeune femme, et accueillant son choix d'un hochement de tête ôtais ma main, pour l'apposer sur ma poitrine alors que je m'inclinais devant la demoiselle.

"Soit. De ce fait, Sa Sainteté vous protègera, ce pourrait ne pas être aussi simple que cela... Mais j'ai confiance, demoiselle Desten."

A ces simples mots, je me redressais, et revenais, me hâtant, vers le blême vieillard, éloignant la foule massée près de l'autel, pour sussurer ces quelques mots à l'oreille de mon Maître. Semblant assoupi, il réagit tout de même, laissant échapper un souffle, un léger rire, que la fatigue rendait à peine audible. Sous le regard stupéfait des béligérants, mouvant peu sa main, ses forces ne le permettant, certainement, Sa Sainteté me remit un chapelet, pendant constament à son poignet, dont je me saisis en déposant un baiser sur le front de mon protecteur, qui tenta de répliquer, surement d'une de ces boutades dont il avait le secret, mais n'y parvint pas.

#C'est fini...#

Alors que les hommes étaient encore ébétés, tant consternés par la mort de Sa Sainteté que par son ultime acte, je levais le regard vers Gibrand, se tenant en retrait et ne pouvant poser ses yeux sur le vieillard, puis mon mécène, qui me gratifia d'un sourire, l'une de ces pâles mimiques qui prennent forme sur les figures peu enclines à rire tant elles étaient saisies de tristesse. M'éloignant de quelques pas, j'appelais mon amie, évitant du regard la dépouille trônant sur l'autel, ma joie s'étant ravisé, mais dont j'esperais qu'elle pourrait au moins revenir de même que la jeune femme.

"Mademoiselle Desten, venez s'il vous plaît."

#Ils ont compris désormais, c'est certain...#

Ayant à present recuperé ses esprits, et reellement pris conscience de son futur, Myroo semblait plus calme, plus naturelle. Soufflant très brievement avant de rejoindre son ami, la jeune phoenix savait que Sa Sainteté était à present entièrement avec Yam. *Son esprit ne fait à présent plus qu'un avec Yam...*
S'avancant, Myroo fit un leger sourire à Messire Kezahr, alors que ses yeux se déposèrent automatiquement sur le corps de Sa Sainteté, qui semblait profondement endormie, mais au combien apaisée...

"Me voilà messire Kezahr", fit-elle d'une voix claire.

"Messieurs, à la demande de Sa Sainteté, que Yam conserve son âme précieusement, ces terres doivent se construire, et pour cela, il a tenu à offrir son soutien à mademoiselle Desten... pour prendre la tête du pays en devenant la souveraine de Yam."

Ainsi que je m'y attendais, cette nouvelle provoqua un taulé, laissant s'échapper de viles reflexions dont je préférais faire abstraction, sur nos naissances à tous deux, Myroo et moi, mais élevant la voix et le pendentif, je m'insurgeais contre les contestataires, ma main proche d'être portée au pommeau de ma lame, mais mon calme perdurant.

"Faîtes silence ! Ce n'est non en mon nom, mais en celui de Sa Sainteté, de ce pays pour lequel il a donné jusqu'à son dernier souffle, ses derniers voeux, que cette demande fut faite. Voici, la parole de Sa Sainteté, sanctifiée par cet artefact, qui dans les mains d'un écclesiaste la portera en faveur de mademoiselle Desten, dont de tous ceux qui l'ont côtoyé nous soutenons l'accession au trône."

S'approchant de moi, mon mécène se saisit du chapelet, le pouvant en sa qualité de religieux, et proche ami de feu mon Maître, et le brandissant à l'encontre des béligérants.

"Qu'il en soit selon cette volonté, pour Yam et son peuple."

Me tournant vers la jeune femme, je lui tendais la main, pour la présenter à l'assemblée, qui reprenait son calme en apparence, mais demeurait surprise et pour une consequente part choquée.

Fermant les paupières un très court instant, Myroo accepta la main de son ami. Elle eut l'impression qu'en faisant ce simple geste, tout basculait. Une nouvelle vie... Non, elle ne devait pas se dire ca. Si Sa Sainteté l'avait choisit, c'était pour ce qu'elle était, et pas ce pour quoi elle devait se faire passer. Rester elle-même serait la plus grande des efficacités. Jamais elle n'aurait songé à monter sur le trône de Yam, mais c'était une très belle occasion de prouver qu'elle aimait son peuple, et ferait tout pour lui.

Menant la jeune femme jusqu'aux côtés de mon ancien mécène, je la laissais me devancer, me retirant, demeurant à quelques pas d'elle alors que je la présentais ainsi au public bougon, et laissais à l'ami de Sa Sainteté le soin de présenter la situation aux béligérants des trois corps.

"D'ici à ce qu'un de nos frères ne soit choisit pour assurer la pérénnité de notre saint ami, il est vital, ainsi que feu Sa Sainteté l'a compris, de placer quelqu'un à la tête du pays, que le peuple n'ait à pâtir de ce funèste évènement, et si Yam le veut bien, puisse avancer sur la voie menant à son bien-être."

"Et que faire de notre pouvoir? Nous pouvons assurer l'intendance !"

L'un des représentants du corps d'armée éleva la voix, soutenu par quelques membres vociférants de l'assemblée le soutenant dans ses contestations, qui furent vité ébranlées par mon tuteur.

"Non, l'armée n'a à voir avec ceci, vous le savez. Il en va du bien de ces terres, sieur Lemyhr. Mademoiselle Desten, navré, mais ce concil requiert une concertation, à laquelle vous ne pouvez assister. Malash, je te prie..."

Restant silencieuse, Myroo écouta ces hommes parler. Il était normal qu'ils réagissent de cette façon, mais elle avait accepté cette requête qu'avait voulut Sa Sainteté, et elle ferait tout pour honorer sa memoire. Aquiecant d'un bref hochement de tête, la jeune phoenix lacha ces quelques paroles :

"Puissez-vous faire le bon choix pour Yam, sachez, messieurs, que si votre décision est d'attendre, alors que votre patience soit moindre... Il se prepare des choses, dont un peuple seul ne pourra pas faire grand chose, et la perte du peuple est innenvisageable."

Muet, je portais ma main au pommeau de la lame d'apparât pendant à mon flanc, et la dégainais de peu. Voyant cela, nombre des hommes s'enhardirent, semblant eux-même parés à se saisir de leurs armes, pour faire parler le fer, mais tous se retinrent, lorsque je m'approchais de la dépouille, m'inclinant légèrement devant la jeune femme alors qu'achevant de porter mon épée hors du fourreau je la levais par devant mon menton, puis me penchant vers feu Sa Sainteté déposais l'arme sur son torse, appliquant les mains du défunt, dont la chaleur s'était déjà dérobée dans ses poignets, sur la lame, la maintenant, alors que de quelques pas je m'éloignais, ne jettant pas mon regard alentour, m'en retournant seulement vers le palier, le franchissant en me contraignant au mutisme, l'esprit assaillit et tourmenté.

Tournant les talons, après que messire Kezahr est effectué son geste, Myroo alla le rejoindre tout en prenant le soin de fermer les portes derrière elle. S'avançant près de son ami, elle lui demanda d'une voix agreablement douce :

"Sir Malash, allez-vous bien ?"

Cette question fut accompagnée d'un sourire encourageant et réconfortant. Tous venaient de subir une lourde perte, et il n'etait pas toujours facile de s'en remettre...

"Ainsi que Sa Sainteté, un défunt dont on jette la dépouille opime, me voilà mort..."

Je ne savais rien de ce désarroi se saisissant de moi, mais ployant sous les sentiments diffus pulsant dans mon esprit, je continuais d'avancer, le dos légèrement courbé, distinguant chaque maille du tapis reposant au sol dans l'allée que j'empruntais alors que je m'en voulais doublement pour paraître ainsi devant mon amie, tant défait, alors que j'eus auparvant esquissé un sourire à la simple vue de ses fins traits, emplis de cette joie dont je me confortais.

"Oh..."

Rattrapant son ami, Myroo se placa face à lui, prenant son visage entre ses douces mains, le lui rehaussant afin qu'il la regarde.

"Allons Malash, il faut vous reprendre. Sans vous, je me sentirais bien trop déboussolée... Faites-moi ce plaisir, souriez-moi, honnetement et franchement. Croyez-moi, rien ne me ferais plus plaisir actuellement de voir un de mes amis proches sourire, j'en ai besoin messire Kezahr... S'il vous plait, reprenez-vous, j'ai tant besoin de vous auprès de moi..."

Son regard étant plongé dans celui de son ami, Myroo ne baissa pas les yeux, attendant une réaction de cette personne si chère à ses yeux.

"Je demeurerai auprès de vous, Myrro, et vous soutiendrai aussi longtemps qu'il le faudra. Mais trop de maux pèsent sur mon âme, et n'alourdissent que trop mes lèvres pour que je puisse esquisser un sourire. Sa Sainteté vous a choisit, il a sagement placé sa confiance, et étayera avec son concours la foi que j'ai placé en vous pour donner forme à cette ultime volonté, que j'accorderai pour son salut, mais le votre et celui d'un peuple cher à mes yeux..."

Ne me sentant que de désarroi, mes sens me semblaient altérés, mes yeux se troublant alors qu'ils rencontraient ceux de la jeune femme que je n'osais regarder de front, saisi d'une peur dont je ne mesurais l'origine. Troublé... Ces mains apposées sur mes joues, un instant qui ne fut que trop long, me semblèrent être ceux de l'être qui me rappelait à ce second echec, aux mains si fines et douces, que j'eus frôlé si la raison, si c'est ainsi que l'on peut le nommer, ne m'avait repris.

#Ce n'est pas elle...#

Me saisissant des poignets de la demoiselle, mesurant à peine mon étreinte, je les éloignais de ma figure, par trop craintif des sentiments qui me revenaient au contact des paumes qu'ils soutenaient, et les reportais vers les flancs de la jeune femme.

"Navré, demoiselle Desten. Je ne peux pallier à votre besoin, mon affliction est par trop grande qu'elle m'en rend incapable..."