Corridors

Observant messire Kezahr lui oter ses mains et les abaisser, Myroo n'opposa aucune resistance. Elle ne souhaitait le brusquer en quoi que ce soit, il était son ami après tout. Laissant un très leger soupir s'echapper de ses lèvres, la jeune phoenix reprit d'une voix douce.

"Je comprend, sir Malash. J'espere bientôt retrouver celui que j'ai connus dans la reserve de foin, et pour ca, ma patience est infinie..."

Essquissant un fin sourire, Myroo se voulait être rassurante et comprehensible envers son ami.

"Merci, amie... Je n'ai guère d'influence, mais je plaiderai en votre faveur. Sa Sainteté avait raison, nous avons besoin de vous, demoiselle Desten..."

Etrangement, je pris compulsivement une dernière fois la main de la jeune femme, la serrant chaleureusement alors qu'il me smeblait sentir mon sang se dérober dans mes veines, ainsi que du gel sous les assauts d'une flamme vacillant à ses côtés, peut-être une aptitude de la jeune femme, qui n'acheva nullement de me troubler davantage, jusqu'à ce que je libère mon amie, sentant désormais mes jambes assez légères pour me mouvoir facilement.

#La patience... Puisse cette forme mineure du désespoir ne pas trop vous faire languir, Myroo, mon âme n'en serait que plus accablée.#

"Et j'ai besoin de vous, sir Malash." répondit la jeune phoenix.

Stoppant la discussion sur ce sujet-là pour ne plus troubler son ami, Myroo fut contente lorsqu'il lui serra chaleuresement sa main. S'appuyant une fois de plus contre une colonne, la phoenix se mit alors à patienter, attendant que les portes se reouvrent.

Je me retirais, buvant chacun de ces mots, qui semblaient assurer le porté de mes pieds, me conférant un sentiment bénéfique, dont j'usais pour arpenter de nouveau les corridors, en sens inverse, à la recherche de l'entrée de la bâtisse, alors que j'achangeais un regard avec un Garde patrouillant nonchalament dans els couloirs, ses lourds souliers d'écailles n'étant atténué en heurtant le sol par les tapisseries, émettant quelque bruit que je saisissais à peine, une voix s'élevant dans mon dos, alors que je n'y prétais attention au premier abord, puis toutefois suspicieux, prêtant l'oreille, me rassurais et reprenais mon cheminement, ces mots n'étant pour moi.

"Vous risquez d'attendre longtemps, madame, les portes closes, peu de chances qu'elles soient réouvertes de sitot, les membres de l'assemblée parlementent aisement toute la journée durant..."

Sursautant legerement qu'une autre personne lui adresse la parole, Myroo se retourna pour observer son nouvel interlocuteur.

"Oh, bien. Je tacherais donc de m'occuper pour que le temps défile plus vite."

S'approchant de messire Kezahr, lui souriant, la jeune phoenix demanda alors :

"Avez-vous l'autorisation de me faire découvrir d'autres pièces autre que celle-ci sir Malash ?"

Mon attention détournée par un glas résonnant à l'unisson dans les alcôves et par-delà les enceintes, depuis la chapelle, je demeurais absent tout du long, immobile autant que ma face ne laissant paraître qu'une lassitude figée, qui se déroba lorsque la voix de la jeune femme, me sortant de la transe, me rappela à elle, et au constant sourire marquant son visage, aux traits tant affinés qu'ils me sidéraient, comme je le laissais paraître involontairement en accomodant mon regard, hôchant légèrement la tête pour dissimuler avec peine cette incorrection malhabile. Le silence perdurant deux secondes, j'écartais les lèvres, laissant un léger souffle s'en échapper, puis pus parler.

#Les Ordres auront ma tête... Mais peu importe.#

"Officiellement, non. Mais votre simple présence en ces murs ne l'étant nullement, une errance officieuse ne marquerait davantage le coup, je présume, demoiselle Desten."

Etrangement, je sentis mes lèvres se tirer, prendre place ainsi que si un sourire, aussi maigre fut-il, tendait à s'étendre sur mon visage, mais je le dénaturais, et le transformais en une étrange expression, un rictus que mes traits tendaient à adoucir, de concert avec mon regard bleu sombre se perdant sur l'ovale du visage de la demoiselle.

Souriant une fois de plus, cette remarque amusait Myroo. Voyant son ami, faire une drole de grimace, qui à la base, partait d'un mince sourire, la jeune phoenix hocha de la tête.

"Très bien, alors, faites-moi visiter les plus belles pièces de ce palais sir Malash."

Posant ses mains sur ses hanches, penchant legerement la tête, Myroo était très détendue, et ca se voyait. Toujours dans sa tenue assez moulante, mais assez chic cependant, ca lui faisait une dégaine étrange.

"Je ne connais que peu de ce palais, demoiselle Desten, les splendeurs qui me furent révélées ne sont que les pièces dans lesquelles je m'engouffrais avec feu Sa Sainteté..."

#L'occasion se présentera peut-être par la suite pour mon amie de visiter dans sa totalité cette bâtisse.#

Ne m'étant tourné que légèrement vers la jeune femme, le posé de mes pieds demeurant axé vers la voie menant à l'entrée du palais, j'observais la demoiselle d'un oeil torve il est vrai, déoncerté que j'étais par la posture que prenait mon interlocutrice, par trop sans doute, mon esprit étant dépassé par bon nombre de choses de toutes évidences. En faisant abstraction, hôchant la tête en l'abaissant de part et d'autre des couloirs, mon attention figée sur des rais de lumière perçant à travers les soupirails, je la réhaussais toutefois, portant mon regard sur la jeune femme dont l'aimable expression perdurait.

"Et nombre d'entre elles pourraient ne pas m'être ouvertes désormais."

"Et pourquoi ca messire Kezahr ? Pourquoi ne vous seraient-elles plus ouvertes ? Dites-le moi donc, j'avoue ne pas comprendre."

Pourquoi, à présent, il ne pourrait plus avoir accès à differentes pieces ? Parceque Sa Sainteté reposait en paix ? Non, il avait toujours les mêmes droits...

"J'y avais accès, du temps où Sa Sainteté était des nôtres, et que le palais demeurait inhabité. Mais l'intronisation possible d'une nouvelle reine s'ajoutant au décès de Sa Sainteté, je crains de ne plus être guère toléré, mon statut suffit à peine..."

Portant la main au fourreau vide pendant à ma ceinture, je demeurais ébeté un instant, puis redonnais signe de vie en laissant m'échapper un soupir, que je lâchais en haussant la tête vers les soupentes s'élevant au-dessus de nous, puis en revenant à la jeune femme, à laquelle je pus tout de même adresser un réel sourire.

"Mais n'en prenez pas ombrage, demoiselle Desten, je ne remets pas en cause le soutien que vous a porté Sa Sainteté, assurement que non..."

#Voilà que je risque de la blesser, quel idiot fini.#

Myroo s'autorisa un leger rire. Non pas au sujet de Sa defunte Sainteté, mais au sujet de son intronisation.

"Allons messire Kezahr, si, avec espoir, je monte sur le trône, vous ne croyez donc pas que je vais me debarasser de vous si rapidement ? Vous aurez même interet à connaitre les plus courts raccourcis possibles !"

"Et je vous en remercie, demoiselle Desten, bien que contrairement à ce que tous croient je n'ai autant bénéficié de "raccourcis" que l'on se plaît à le dire. J'ai toujours obtenu ce dont je dispose par le mérite..."

Je ne savais guère pourquoi, je savais que la jeune femme n'était mal intentionnée, loin s'en fallait certainement, mais cette notion de "raccourcis" si souvent brandis à mon encontre pour traîner davantage encore mon nom dans la boue, celle qui m'accueillit trop longtemps, m'agaçait, me rendait haineux, autant que ceux médisant de la sorte, mais ce n'était là l'égard que je n'avais ni ne voulais avoir pour la demoiselle, si complaisante.

"Et c'est tout à fait normal sir Malash. Vous êtes un homme droit, si je puis dire. Navrée d'employer ce mot, mais j'ai perdu celui que je voulais dire."

Présentant un sourire d'excuse, Myroo s'en voulait interieurement d'avoir perdu ce mot. Elle l'avait sur le bout de la langue, mais il ne voulait pas sortir. Peut-etre reviendrait-il plus tard... Certainement même.

"J'ai eu de la chance, si tel est le mot, à certains moments, mais ce n'est pas la chance qui permet d'exercer pleinement ce genre de fonction, c'est pour cela que je tenterai de demeurer ainsi autant que mon coeur me le permettra. Si je ne suis un homme "droit", je me plais à penser que je suis pragmatique. Yam me préserve de trop de présomption, mais cela semble être de même pour vous, enfin c'est ce que je crois, mademoiselle..."

Mon sourire s'affaissant légèrement sous la gène, je considérais les paroles de la jeune femme avec sympathie, m'amusant évidemment de cette gène réciproque, ma peine semblant se soulager quelque peu, bien qu'elle demeurait en mon coeur, luttant ardemment contre les pensées positives que m'inspirait la demoiselle.

"Bon, et bien... Allons donc boire quelque chose en ville, je me refuse d'attendre toute une journée ici. Nous avons besoin d'air frais, d'activité autour de nous, enfin, du moins, j'ai besoin de ca. Je vous invite messire Kezahr, acceptez-vous ?"

Souriant, Myroo lui tendit sa main. Sortir leur ferait du bien, et parler dans un autre endroit qu'ici donnerait une autre ambiance à leur conversation.

"Cela ne pourra en être que mieux, je suppose. Soit, allons donc au dehors, tant que le Soleil ne cède sa place à notre Seigneur des Cieux, demoiselle Desten."

Saisissant la main de mon amie, je me permettais de passer son bras à côté du mien, maintenant la jeune femme à mes côtés alors que je faisais déjà quelques pas sur les dalles parsemées de tentures que je foulais avec grâce, leur faisant honneur de la présence de la demoiselle en faisant de même, lui adressant un sourire, alors qu'un fin rire s'échappait déjà de ma gorge.

"Une nouvelle outrecuidance à me pardonner, si vous songez réellement à me tolérer, il faudra vous y faire également, je le crains."

"Et je m'y ferais très bien" répondit Myroo avec un beau sourire.

Suivant son ami, elle était heureuse d'aller prendre l'air. Un peu de détente ne leur ferait pas de mal, et oublier momentanément certains moments durs de cette journée également.

Quelques minutes à marcher d'une allure régulière, tenant la jeune femme à vue, empruntant des voies inconnues jusqu'alors de celle-ci, et nous arrivions elle et moi face à la porte derrière lesquelles se tenait par habitude la dite Assemblée, un concil d'officiers, religieux et magistrats des plus hautes sphères. Intrigué, je portais l'oreille sur l'un des battants, sous le regard stupéfait de la seule sentinelle en poste qui ne laissa échapper qu'un soupir lorsque mon visage lui parut à la lueur des bougies dansant sur le chandelier pendu au-dessus de nos têtes.

"Ils sont bien silencieux. Demoiselle Desten..."

S'étant laissée guider par son ami, Myroo s'était de nouveau adossée à la même colonne, observant sir Malash.

"Silencieux ? Cela signifierait-il qu'ils aient donc terminés ?..."

Ses yeux se faisant plus ronds, la jeune phoenix se redressa un peu, se decollant ainsi de la colonne.

"Soldat? Sont-ils aussi calmes depuis longtemps? Je dois avouer ne pas reconnaître leur sempiternel procédé..."

#Eux qui sont si grands mystificateurs, vociférant à tout va, s'insultant les uns les autres, puis s'accordant enfin en fin de session...#

M'approchant du milicien, du doigt je l'invitais à s'approcher, et me répondre à voix basse, afin que ni les hiérarques se tenant derrière ces battants ni mon amie ne puisse trop percevoir ce qu'il en disait, non par goût pour les messes basses mais par considération envers les oreilles se tenant par ici.

"Depuis que l'un d'eux s'est éclipsé en ébranlant tout, ils sont restés muets, messire Kezahr. Je sais pas trop, mais c'est vrai que ça doit pas être normal..."

Cette sentinelle confirmant les dires de son acolyte rencontré tantot, il renforçait également l'hypothèse prenant forme en mon esprit, redonnant à mon visage ses traits austères, mais je me devais de m'assurer d'un dernier point, avant de laisser l'homme à sa besogne.

"Cet officier au coup d'éclat, il s'agit bien du Sir Darwan?"

"Oui-da..."

Accompagnant sa réponse d'un hôchement de tête positif, je mesurais que, derrière le sobriquet de Darwan, celui que l'on nommait Sir Dorian pouvait une nouvelle fois avoir mis le concil en branle, comme à son habitude, hélas.

"Demoiselle Desten, navré de faire tant de secrets, mais je vous prierais de rester en arrière. Je sais que cela vous tient à coeur, mais... je préfèrerais être certain avant de soumettre le votre à une attente trop grande."

"Je..." commenca la jeune phoenix, pour s'interrompre finalement.

Si son ami lui recommandait de rester en arrière, alors pourquoi ne l'écouterait-elle pas ? C'est elle même qui avait dit que ses conseils étaient toujours précieux, alors pourquoi, maintenant, faire l'inverse ?

"Faites donc, Malash. Je resterais ici, et je vous attendrais."

Lui souriant honnetement, Myroo se recala contre la colonne.

#Navré...#

Abaissant le chef, je m'engouffrais par la porte devant laquelle se dressait la sentinelle, poussant les deux battants de concert, pour les laisser retomber alors que je pénétrais déjà de quelques pas dans la salle circulaire concentrant une table circulaire, qui, et j'en fus surpris, était occupée, les représentants de l'autorité attablés, quelques sièges demeurant vides, et le silence demeurant alors même que ma présence n'avait passé inaperçu, ainsi que les regards venant à mon encontre et l'homme mûr président la scéance me le firent comprendre.

"Dorian est encore cause de ces troubles, n'est-ce pas?"

"Oui, il a fuit, à nouveau, sa voix a résonné, mais sans lui-..."

De stupeur, je regardais mon ancien mécène, puis balayais l'assemblée du regard, passant de tête en tête alors que mes dents paraissaient, mes lèvres se retroussant les laissant apparaître à la vue de mon mécène, qui me modéra d'une accolade, me réhaussant alors que je m'affaissais, et portais ma main dans le vide, à la recherche de cette épée dont je m'étais délesté, alors que mon tuteur m'expliquait l'étendue de la situation.

#Par Yam, cela ne se peut...#

Ayant patienté, Myroo vit une ombre se glisser dans un des couloirs derrière elle. Ne pouvant resister, tant cela paraissait louche, la jeune phoenix s'engouffra à sa poursuite.
Parcourant les couloirs, comme si la silhouette l'attendait, Myroo avait un mauvais pressentiment, grandissant de plus en plus. Gravissant des marches avec prudence, elle fit également couler sa magie dans ses veines. Suivant toujours la silhouette, elle déboula sur un balcon. La lune d'argent brillait de toute sa lueur, alors que la lune rouge était plutôt vers les bordeaux... S'approchant de la rembarde, elle observa en bas : il n'y avait rien ni personne... Se retournant, sentant quelqu'un dans son dos, elle fut violemment poussée dans le vide. Passant au-dessus de la rembarde, elle s'y accrocha alors que ses muscles en prirent un sacré coup. Pendant dans le vide, Myroo avait de la chance de ne pas avoir peur de l'altitude. La silhouette se dressant devant elle, la jeune phoenix ne put reconnaitre la personne, celle-ci étant encapuchonnée. L'inconnu(e) sortit alors un poignard bien affuté, puis en dirigea la lame vers les doigts de Myroo. *Là, je suis mal... Reflechie, reflechie, vite....*

Demeurant attentif tout du long alors que l'homme me confiait les tracas qui avaient agité la scéance, j'expirais l'air de mes poumons d'un ton modéré, résigné, tout sourire s'étant retiré de ma face, devant faire part de cette frappe de semonce à mon amie, bien la principale interessée de cette affaire. Quittant l'imposante pièce où siégeait ce concil, que je gratifiais d'une ultime réverence, je passais les portes, que le Garde remit en position dans mon dos.

#Qu- Où?#

me retenant vers la sentinelle, m'accordant un regard souligné de cernes marquées et tant ralenti par son incompréhension que la fatigue, je revenais vers lui, inclinant la tête sur le côté droit, mes sourcils se fronçant alors que les yeux qu'ils soutenaient se plongeaient dans ceux de l'homme, ne saisissant guère ce qui se passait.

"Allons, où est la demoiselle? Elle n'a de droit de circuler seule dans le palais, qu'elle ne connait par ailleurs nullement, mon ami !"

Ne me répondant que de son regard interrogateur et las sur l'instant, son esprit encore engourdi, il prit la mesure de la chose, comme je le voyais à ses yeux s'écarquillant, puis d'un hôchement de tête légèrement dévié me désignant une allée.

"Euh. Je crois l'avoir vue partir par là, et-"

N'en écoutant davantage, je tournais le dos au milicien et en hâte parcourais le corridor jusqu'à l'intersection désignée, prenant la voie qui m'avait été désignée, ne saisissant ce qui avait pu motiver la jeune femme à s'éclipser ainsi, la fatigue me semblant peu en cause, enfin ainsi qu'elle semblait l'accuser facilement lorsque nous nous quittâmes non loin d'une demie-heure plus tôt.

#Se serait-elle lassée? Quand bien même, elle est réfléchie, elle ne serait partie sans solde pour la raccompagner, tout de même ?!#

Toujours accrochée à la rembarde, Myroo était brûlante. Heuresement, l'ensemble qu'elle portait avait été fait dans une matière speciale, elle s'imaginait mal avec son autre ensemble à ce moment là... Enfin, ca, c'était autre chose. L'inconnu(e) etant decidé(e) à abattre son poignard sur les mains de la jeune phoenix, cette dernière lacha la rembarde de sa main gauche, puis envoya trois flammeches sur son agresseur, dont le capuchon prit feu, et qu'il dut oter et ecraser par terre pour eteindre le feu...